L’ombre du soleil, de Isaure de Saint Pierre 
éd. Le Lys Bleu 

Isaure de Saint Pierre nous plonge dans le monde de l'édition et les défis auxquels les auteurs peuvent être confrontés.

Plusieurs personnages s’entrecroisent dans cette intrigue.

Marie et Éléonore, deux journalistes quinquagénaires, travaillent pour le même magazine, Paris Plage. Tandis que Marie se consacre à des articles de fond, Éléonore préfère des sujets plus légers et axés sur le people. Amies de longue date, tout semble pourtant les opposer.

Marie, issue d’une vieille famille aristocratique désargentée, maîtrise les codes de ce milieu (tout comme Isaure de Saint Pierre). En revanche, Éléonore, frivole et croqueuse d’hommes, provient d’un milieu modeste.

Marie a écrit plusieurs romans historiques de qualité (encore une fois, comme Isaure de Saint Pierre), mais leur succès est resté limité, faute de visibilité médiatique : ni passages à La Grande Librairie, ni promotion sur les réseaux sociaux. Réservée, Marie aime s’isoler pour écrire, mais la perspective de vendre et promouvoir ses livres lui est insupportable.

De son côté, Éléonore, en manque d’inspiration et peu habituée aux projets de longue haleine, adore être sous les projecteurs. Elle propose alors à Marie une collaboration originale : la création d’un troisième personnage, Clarisse de Maubrun. Cette figure fictive aura pour mission de prendre en charge toute la communication autour du dernier roman de Marie, Au nom du sang. Seul l’éditeur de Marie sera dans la confidence : il s’agit d’un subterfuge d’identité, et non d’une relation de nègre littéraire.

Cependant, Éléonore dépasse rapidement les limites de cet accord. Elle semble perdre le contrôle de Clarisse, comme si ce personnage prenait le pas sur sa créatrice. Marie, troublée par ce comportement, voit leur amitié vaciller.

Ce roman explore avec finesse les enjeux de l’identité, de la collaboration, et de la frontière entre la réalité et la fiction. Le sujet évoque inévitablement le célèbre stratagème de Romain Gary — locataire des parents d’Isaure de Saint Pierre à une époque — qui écrivit sous le pseudonyme d’Émile Ajar.

Un roman peut-il se suffire à lui-même pour connaître le succès, ou la communication est-elle toujours indispensable ?

Un livre captivant, malgré le paradoxe : il n’a pas, lui-même, bénéficié d’une grande promotion !

Paru le : 26/04/2024
Prix : 20,30 €
Pages : 248